L’ÈRE ROUSTEING : LES DÉFILÉS CLÉS
SAISON 2, EPISODE 2 :
AUTOMNE 2012 : LA COLLECTION FABERGÉ
« Réexaminer cette collection après dix ans... c’est honnêtement très émouvant pour moi.
Cette collection a vu le jour lorsque, par hasard, j’ai vu une création rare et magnifique pendant mon premier voyage à New York. Ce voyage était très spécial pour moi, je découvrais pour la première fois la « grosse pomme ». Je me souviens encore que chaque jour de ce voyage, j’avais le sentiment d’être un enfant, empli de tant de joie alors que s’ouvraient à moi de nouveaux mondes et merveilles.
Pendant que j’étais là-bas, j’ai assisté à une vente aux enchères de bijoux d’Elizabeth Taylor chez Christie’s. C’est là que je l’ai repéré : cet incroyable œuf de Fabergé. Il s’agit d’un cadeau de la part de Richard Burton pour Elizabeth Taylor. Et lorsque j’ai vu cet œuf, j’ai su immédiatement que j’allais construire toute une collection autour de lui. J’étais fasciné par sa beauté. Il y avait tellement de perles. De l’or lisse. Des pierres précieuses incroyables. Et curieusement... il renfermait à la fois tant de minimalisme élégant et de maximalisme excessif.
Ainsi, dès mon retour à Paris après cet incroyable premier contact avec New York, je me suis immédiatement mis au travail avec mon équipe pour dessiner cette collection. J’ai adoré l’idée d’apporter quelque chose d’aussi traditionnel, baroque et riche sur le podium, alors que toutes les créations étaient dotées de coupes nettes et d’une attitude résolument moderne. L’atelier Balmain s’est surpassé, en perfectionnant (comme lui seul sait le faire) toutes ces perles, toutes ces broderies incroyables, ces tissages complexes et ces points de croix détaillés, tout en veillant à ce que la coupe signature de la Maison se distingue vraiment sur le podium. Dix ans plus tard, un look phare de cette collection est devenu l’une des plus fortes rééditions de notre défilé rétrospectif, alors portée par Carla Bruni lors du Balmain Festival de septembre dernier. À peine quelques semaines plus tôt, nous avons créé un design unique, basé sur ce même look, pour l’apparition incroyable de Lil Nas X sur le tapis rouge des Grammy Awards de cette année. »
Olivier Rousteing
UN LOOK RÉTROSPECTIF, DIX ANS PLUS TARD
Récemment, l’un des looks phares de la collection Fabergé a fait partie d’une rétrospective célébrant les dix ans d’Olivier Rousteing en tant que directeur artistique de Balmain. Sur le podium du Balmain Festival en septembre dernier, la réédition du modèle Fabergé 2012, devenu iconique, était portée par Carla Bruni.
UNE ÉDITION SPÉCIALE POUR LIL NAS X
« Pour cette apparition sur le tapis rouge des Grammy, nous nous sommes à nouveau inspirés de la collection automne 2012 Balmain. Nous avons adapté ce look que nous avions mis en avant durant la rétrospective du Balmain Festival pour créer l’entrée parfaite à cette remise de prix. La veste, le pantalon et les chaussures blancs de Montero reflétaient cette même richesse ornementale et baroque. Pour terminer en beauté, les artisans de notre atelier ont brodé une nouvelle image, un papillon, illustrant le symbole clé et message principal de l’album de Montero. »
Olivier Rousteing
PRINTEMPS 2016 : LES AVENTURIERS
« C’était mon tout premier défilé Homme pour Balmain et pendant sa création, mon équipe et moi étions naturellement impatients d’explorer de nouvelles possibilités et de relever les défis qui nous attendaient. Rien d’étonnant, donc, à ce que la collection s’inspire des grands explorateurs et aventuriers du début du XXe siècle.
L’état d’esprit moderne, le style unique et les exploits fantastiques de ces aventuriers m’ont toujours attiré. Car ces scientifiques et ces aristocrates étaient très différents des générations d’impérialistes qui les avaient précédés. Au lieu de rechercher la gloire, la conquête, l’expansion territoriale, ces hommes avaient soif de nouvelles expériences et de connaissances. Ils étaient impatients de découvrir ce que le futur leur réservait.
Au cours de leurs voyages épiques, ils ont mêlé les styles de diverses cultures pour se constituer une garde-robe polyvalente. À l’instar de ces pionniers, ma collection repose sur une myriade d’influences. Les daims, cotons et cuirs qui invitent au toucher reflètent les tons neutres et épurés du désert, ce paysage d’une beauté abstraite qui a tant séduit ces grands explorateurs. Par-dessus tout, le style et la vision reconnaissables de la Balmain Army sont présent dans la collection, parfaitement complétée par le savoir-faire exceptionnel que seule une véritable Maison parisienne peut produire. »
Olivier Rousteing
PRINTEMPS 2018 : BALMAIN À L’OPÉRA
Tout comme Pierre Balmain, Olivier Rousteing rêvait depuis son plus jeune âge d’aller vivre à la capitale. Quand Rousteing décida de présenter sa collection Printemps 2018 à l’Opéra de Paris, visiter l’étincelant décor fit instantanément ressurgir une foule de souvenirs. En effet, vingt ans auparavant, alors qu’il visitait la capitale en famille, la découverte de ce lieu fut un déclic. Depuis lors, Rousteing n’avait cessé de rêver de s’installer un jour dans la capitale et d’y devenir créateur.
Afin de marquer ce moment, il décida d’écrire une lettre pour l’Olivier Rousteing qu’il était 22 ans plus tôt :
« Ce sentiment d’émerveillement que tu ressens, alors que tu entres dans l’éblouissant Opéra Garnier ne sera pas un évènement isolé. Bien sûr, l’intensité diminuera au fil des années, mais je te le dis, vingt-deux ans après ce moment, ce même émerveillement te frappera à chaque fois que tu y retourneras. C’est vrai, pour l’instant tu n’es peut-être qu’un gamin de dix ans qui vient de province, terminant ta visite de la capitale par une nuit à l’Opéra, mais ce moment est destiné à devenir un souvenir qui te guidera, se cristallisant en un autre symbole du futur dont tu rêves, tout comme ces posters de musique placardés sur les murs de ta chambre et ces éditoriaux de mode que tu continues à déchirer dans les magazines.
Et, de là où je suis actuellement, je sais une chose : les rêves comme les tiens deviennent parfois réalité. Tu vas retourner à Paris et devenir créateur pour une Maison historique. Tu vas travailler avec ces mannequins qui actuellement t’éblouissent. Tu vas mêler tes designs aux créations de musiciens qui t’inspirent. Et oui, tu vas retourner dans ce lieu particulier, plusieurs fois en réalité. Une partie de moi voudrait remonter le temps, pour te dire tout ça. Mais l’autre partie sait que, aussi répétitif que soit ce vieux cliché, la vraie richesse de ta vie vient du chemin que tu as parcouru. »
BALMAIN PRINTEMPS 2018
PRINTEMPS 2019 : BALMAIN, UNE RENAISSANCE
« Pour préparer mon premier défilé haute couture Balmain, j’ai commencé par éplucher les archives de la Maison. Et sans surprise, j’ai là encore été ébloui par l’héritage impressionnant que nous a légué Monsieur Balmain : des décennies de détails d’un raffinement extrême, de savoir-faire couture toujours impeccable et de formes sculpturales incroyablement imaginatives. Dès que j’ai commencé à invoquer l’esprit de notre fondateur dans mes premiers croquis, j’ai vu cette collection à la fois comme un hommage à son travail et comme une sorte de conversation entre Pierre Balmain et moi.
Cette conversation s’articulait autour d’une question centrale : « Qu’est-ce que la haute couture au XXIe siècle ? »
Premièrement, cela peut être une pause bienvenue au milieu de l’agitation, des tendances et des pressions commerciales dans la conception de plusieurs collections de prêt-à-porter chaque année. Travailler sur une collection de haute couture offre à un créateur le luxe immense de pouvoir prendre du recul. Une chance de se vider la tête, de rêver et de savourer un moment de créativité sans bornes. Quand le monde extérieur de la mode reste obsédé par le sportswear, le streetwear et les ventes, mon escapade bien trop brève dans l’univers de la haute couture me permet de nager momentanément à contre-courant, de ne penser qu’en termes de rêves, de beauté et d’aspirations.
Oui, la haute couture reste toujours aussi exclusive, un luxe loin d’être à la portée de tous. Par exemple, cette collection se compose de plus d’un million de perles, boules et pierres de cristal Swarovski qui ornent broderies et détails sophistiqués. Nous nous sommes également associés à certains des artistes les plus talentueux du monde pour créer des accessoires uniques. En repoussant à l’extrême mes propres limites mais aussi celles de mon équipe et de notre atelier pour créer ces pièces inspirantes, je savais que ces techniques, apprentissages et innovations viendraient enrichir Balmain. C’est la grande force et le patrimoine incroyable de la haute couture, et c’est la raison pour laquelle tant de grandes Maisons parisiennes s’appuient traditionnellement sur les rigueurs de la haute couture pour faire évoluer l’ensemble de leurs collections.
Enfin, comme le montre clairement notre défilé, la haute couture peut être tout à fait actuelle. Si elle repose sur les forces de notre atelier en matière de savoir-faire traditionnel, de confection de costumes et d’artisanat, j’ai également essayé d’insuffler à notre offre l’état d’esprit de ma génération. Des motifs inspirés des graffitis, des réinterprétations modernes du costume et des mélanges entre denim et matières et ornements de luxe constituent mes réponses à cette conversation. Une autre nouveauté était la diffusion en direct du défilé, rare à l’époque, pour apporter un soupçon de démocratisation dans le monde élitiste de la haute couture. »
Olivier Rousteing
PRINTEMPS 2019 : L’ÉGYPTE À PARIS
« Oui, j’aime tester les limites, sortir des sentiers battus et dire exactement ce que je ressens à tous ceux qui veulent bien m’écouter. Mais, en même temps, j’ai toujours pensé qu’il était important de maîtriser les règles avant de tenter de les contourner ou de les enfreindre.
Pour cette collection, mon équipe et moi nous sommes concentrés sur les raisons pour lesquelles Paris, dernière étape du parcours de la Fashion Week, reste si différente des autres. Ce n’est pas le style des défilés, la musique ou les célébrités qui rendent la mode parisienne si incroyablement inspirante. À notre avis, c’est notre patrimoine incomparable en matière de haute couture et notre perfectionnisme en matière de coupe, de sculpture et d’ornement qui fait notre renommée. Ces ingrédients uniques sont évidemment les éléments clés de l’ADN de la Maison. Chaque collection illustre clairement ce qu’un atelier parisien et son savoir-faire peuvent rendre possible.
Et c’est précisément cette maîtrise et cette tradition qui nous donnent l’incroyable liberté de déconstruire, de bousculer les choses et de contourner un peu les règles. Tout en respectant les normes, techniques et savoir-faire que la Maison maîtrise depuis longtemps, pour le Printemps 2019, mon équipe et moi avons joué avec les coupes pour créer de nouvelles silhouettes et styles qui reflètent ce que ma génération souhaite porter actuellement.
Tout comme nous avons rendu hommage aux origines singulières de la mode parisienne, nous nous sommes également inspirés des origines du Paris moderne et même de la civilisation moderne. Ma fascination pour les obélisques, les pyramides et les colonnes impressionnantes de l’époque napoléonienne, qui ornent les espaces publics les plus célèbres de cette ville, est visible dans les nombreuses références à l’Égypte présentes dans cette collection. On retrouvait le toucher du papyrus antique et du lin dans nos pièces en denim et en tweed ; les imprimés et les traitements jouaient quant à eux sur l’aspect distinctif du plâtre usé par le temps et la netteté des hiéroglyphes. Et tout comme I. M. Pei, nous avons choisi des matériaux modernes, notamment le verre et le métal, pour donner une tournure plus récente à l’impressionnante géométrie des Égyptiens. »
Olivier Rousteing
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AUTOMNE 2020 : DÉCHIFFRER LES CODES
« Étant un enfant né « sous X », un orphelin qui ne connaît pas ses propres origines, j’ai grandi obsédé par des questions sur l’héritage, la couleur de peau, l’appartenance et l’intégration, ce qui n’a pas rendu mon enfance plus facile. Ayant grandi à Bordeaux, certainement la ville la plus bourgeoise de France, j’ai appris dès mon plus jeune âge que certains milieux, clubs ou bandes étaient fermés pour quelqu’un avec mon allure, et j’ai passé des heures à rêver d’un moyen pour traverser ces frontières, ouvrir ces portes et être accepté. Il est inévitable que le temps et les efforts consacrés à ma récente recherche de réponses, reflétée dans le documentaire « Wonder Boy », aient eu une influence sur mes créations. Le défilé Automne 2020 Balmain l’a clairement montré.
De nombreux codes d’un monde qui était hors de ma portée ont intégré cette collection, y compris des styles équestres classiques, des motifs arlequin et ceux des foulards en soie. Le mélange de couleurs (une grande quantité de cognacs et de bleus profonds), ainsi que les riches tissus (soie et cachemire) sont associés au monde de plus en plus restreint des vieilles familles, aux privilèges et à la richesse.
Mais paradoxalement, cette collection s’est emparée de ces symboles de l’exclusion de la haute société et les a transformés pour les orienter vers un monde plus grand et moins fermé, avec des portes et des esprits ouverts. Mon équipe et moi-même avons renversé les codes de classe restrictifs des générations précédentes en les repensant et modernisant pour proposer des créations fraîches et résolument actuelles : un éventail de designs conçus pour tous, à l’image des valeurs inclusives de Balmain et de la diversité florissante d’une France on ne peut plus moderne. Ceux qui ont vu « Wonder Boy » savent déjà ce que j’ai appris sur mes origines. « Maintenant, sachant que je suis à moitié Somalien, à moitié Éthiopien et 100 % Français, je me rends compte que ma quête de réponses sur mon passé m’a aidé à réaliser combien je suis heureux de vivre à cette époque, dans un Paris regorgeant de nouvelles possibilités, moins étriqué et plus inclusif. Mon défilé aujourd’hui célébrait cela, il exprime nos espoirs d’un monde plus ouvert, en constante amélioration. »
PRINTEMPS 2021 : LE JARDIN DES PLANTES
« Préparer un défilé n’a jamais été chose simple. Et comme vous pouvez l’imaginer, les préoccupations, limitations et exigences supplémentaires de 2020 n’ont pas facilité notre planification ! Donc pour s’atteler au mieux à la tâche, nous avons essayé de toujours garder des objectifs clairs. Dès le début, lorsque mon équipe et moi-même avons commencé à discuter du défilé Printemps 2021 au cours d’innombrables appels en visioconférence pendant les longues semaines du confinement, nous nous sommes concentrés sur deux vérités fondamentales :
1 : Pour nous, la meilleur expérience de la mode se fait en direct.
2 : Nous savons qu’une expérience partagée est cruciale pour notre communauté de la mode.
Évidemment, les nouvelles réalités de la pandémie et les nombreuses restrictions sanitaires ont rendu le respect de ces principes plus que difficile. Mais en français comme en anglais, nous partageons une expression galvaudée : « la nécessité est la mère de l’invention » (« necessity is the mother of invention ») et notre processus de planification pour ce défilé a contribué à prouver que des clichés fatigués comme celui-ci peuvent parfois sonner très juste.
Nous avons conçu le défilé de la soirée comme une présentation spéciale en plusieurs parties, centrées sur trois thèmes essentiels de la Maison : l’héritage, la communauté et l’optimisme. »
Olivier Rousteing
L’HÉRITAGE
Habituellement, les défilés se terminent par une apparition sur le podium du créateur, venant saluer les spectateurs présents. Mais pour ce défilé, Olivier Rousteing commença la présentation en s’asseyant sur une chaise au milieu du large podium. Amalia, Axelle, Barbara, Charlotte, Sonia et Violeta, six mannequins dont les spécialistes de la mode parisienne se souviennent parfaitement pour leur succès au cours des dernières décennies, sont ensuite venues serpenter autour du créateur. Chacune d’elles portait une réinterprétation moderne d’une pièce d’archive, habillée d’une version graphique du motif Labyrinthe de la Maison, récemment modernisé. Rousteing s’est associé à Olivier Saillard, un historien spécialiste de la mode, afin de recréer l’ambiance unique des présentations de haute couture qui prenaient place dans les salons au début de la carrière de Pierre Balmain. Rousteing et Saillard ont choisi cette ambiance nostalgique, complétée par une bande audio de citations en anglais et en français de Pierre Balmain, afin de souligner l’un des thèmes principaux de la soirée : l’héritage.
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LA COMMUNAUTÉ
« Nous avons tous beaucoup appris sur nous-même au cours des dernières années. Avoir été obligé de vivre séparément nous a appris à quel point être ensemble est primordial. L’univers de la mode en particulier a réappris que la création fonctionne mieux avec des dialogues constants, un échange d’idées et des expériences partagées. Nous avons été forcés de trouver de nouvelles façon de rendre cela possible pendant le COVID. Nous avons bien sûr été déçus que tant de nos amis, partenaires et collègues n’aient pu être présents à Paris avec nous lorsque nous avons présenté ce défilé. Par conséquent, comme nous l’avons si souvent fait pendant le confinement, nous nous sommes tournés vers la technologie et nous avons fait de notre mieux. Notre partenaire, LG, nous a fournis des douzaines d’écrans géants, qui ont occupé les trois premiers rangs des sièges du défilé. Grâce à cette aide, nous avons pu transporter à la Fashion Week de Paris quelques personnes parmi celles qui ne pouvaient venir (tout du moins pour un défilé). »
Olivier Rousteing
LA COLLECTION
« Tout comme le défilé de nombreuses créations de la soirée reflétaient une nouvelle réalité. Après avoir passé tant de mois à travailler chez soi, assis à la table de la cuisine pendant les conférences téléphoniques, il n’était pas surprenant de voir une silhouette portant une veste de costume à double boutonnage associée à un short de motard, si ? Par ailleurs, notre collection, avec toutes ses créations en maille, offrait une multitude de looks confortables pour la journée. Mais plus que tout, il s’agissait d’une offre signée Balmain, aux nombreux modèles pouvant être portés sans effort pour les soirées. Les costumes brillamment confectionnés par notre atelier ne passaient pas inaperçus, avec leurs épaules pagode prononcées, leurs vestes allongées, leurs pantalons longs, étroits et évasés. L’esprit qui dominait était intergénérationnel et interculturel, tout comme les mélanges de silhouettes affirmées pour homme et femme, les tons vifs fluorescents et les traitements spécifiques de nos pièces en denim durable qui rappelaient à la fois un Saint-Germain des années 70 et un Brooklyn des années 90. »
J’ai été émerveillé par le travail incroyable de nos artisans, qui ont brodé près de deux millions de cristaux Swarovski éblouissants (dont de nombreux recyclés) pour créer les ornements magnifiques qui scintillaient sur le podium ce soir-là. Un grand nombre des différentes interprétations du motif Labyrinthe de la Maison reposaient sur des cristaux. Cela semblait tout à fait approprié pour un défilé mettant en valeur l’héritage, puisque mon équipe et moi-même étions bien conscients de la maîtrise de Pierre Balmain dans l’utilisation des cristaux Swarovski pour certaines de ses créations les plus
Olivier Rousteing
OPTIMISME
« Notre dernier message de la soirée a été celui d’une confiance inébranlable en un avenir meilleur. Cette Maison, comme je le dis souvent, a l’optimisme et l’audace dans son ADN. Nous n’oublions jamais que Pierre Balmain a fait un pari audacieux il y a 75 ans : après des années de guerre, d’occupation et de souffrance, il était prêt à se lancer et à fonder sa propre Maison pendant une période instable de pénuries, de pannes et d’inquiétudes, immédiatement après la libération de la France. Il était jeune, audacieux et convaincu d’un avenir meilleur. Son énergie, son audace et son optimisme ont permis à cette Maison d’être l’une des forces qui ont contribué à redonner à Paris sa place de capitale de la mode.
Mon propre optimisme pourrait être considéré comme le reflet de mon histoire personnelle. Après tout, il n’y a pas si longtemps, quelqu’un comme moi n’avait aucune chance de se retrouver au poste que j’occupe aujourd’hui. Le changement se produit. Les avancées nécessitent parfois un engagement déterminé, mais les progrès sont toujours possibles. »
Olivier Rousteing
AUTOMNE 2021 : AIR BALMAIN
« Qu’a fait Pierre Balmain il y a 75 ans, après l’incroyable succès de la première présentation haute-couture de sa Maison ? Il a fait ses bagages et a commencé à voyager.
Il s’est envolé pour l’Amérique, mais pas pour parler de collections. Sur le conseil de son amie Gertrude Stein, il a sillonné les États-Unis en tant qu’ambassadeur et donné des conférences sur la culture et le savoir-faire français. Six ans auparavant, la guerre avait brusquement mis fin à l’exportation de la mode parisienne. Pierre Balmain a donc traversé la Manche pour présenter à Londres son approche moderne de la haute couture féminine. Après huit jours de voyage à travers la moitié du globe, de multiples vols et autant d’escales, il atterrit en Australie, apportant aux Antipodes des nouvelles de son « Nouveau style français » (sans oublier au passage de visiter le quartier de Balmain à Sydney).
Traverser 2020 nous a permis de mieux comprendre à quel point ces voyages ont dû être grisants pour Pierre Balmain. Après avoir subi l’angoisse des années de guerre et d’occupation, l’évasion si longtemps impossible lui tendait soudain les bras, l’autorisant à s’échapper vers des destinations dont il avait rêvé pendant des années. Il devait être au septième ciel. En mars 2021, la vidéo de notre défilé avait pour objectif de partager cette extraordinaire sensation de liberté. Nous attendions tous impatiemment que viennent des jours meilleurs et nous avons mis en avant le fait que voyager permet de s’aérer l’esprit, de garder espoir et de réunir ceux qui ont été séparés. »
Olivier Rousteing
LA COLLECTION AUTOMNE 2021
Une grande partie de nos créations s’inspirait du charme caractéristique des uniformes des premiers pilotes et astronautes, réinterprétant robes parachute, bottes d’aviateur à lacets, bombers ou encore combinaisons anti-g chatoyantes. Une de nos créations les plus remarquables s’articule autour de presque 70 000 cristaux Swarovski recyclés, mettant en avant la capacité de notre atelier d’allier ces inspirations aéronautiques à des détails luxueux.
La collection faisait évidemment la part belle aux accessoires, éléments indispensables à tout voyage, grâce aux nombreuses nouvelles créations offertes par la Maison. Les multiples bagages à main, souples comme structurés, bénéficiaient de tout un éventail d’habillages jouant sur des couleurs et des tissus s’appuyant sur l’imprimé Labyrinthe PB, récemment relancé par la Maison. Les sacs étaient réinterprétés de manière ingénieuse et s’inspiraient de boussoles, d’avions en papier ou encore de coussins de voyage.
Vous aurez sans aucun doute noté l’attitude... Balmain est une Maison parisienne, vous trouverez donc toujours une touche de l’insouciance propre à la ville dans nos créations. L’audace des pionniers de l’aviation, omniprésente dans la collection automne 2021, mettait en avant cet état d’esprit si familier.
Olivier Rousteing
Photo Credits:
Getty Images- BFA
Credits :
Balmain Creative Director: Olivier Rousteing- Episode Direction and Production: Seb Lascoux
- Balmain Historian: Julia Guillon
- Episode Coordination: Jeremy Mace
- Webpage Layout and Coordination: Léa Bouyssou
- Episode researched, written and presented by John Gilligan
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