PLAISIR, CRAINTE ET DESTIN

SAISON 1, EPISODE 7 :

L’HÉROÏNE DE GUERRE DÉCORÉE DE BALMAIN : GINETTE SPANIER

Cet épisode de l’Atelier Balmain explique le fonctionnement de Balmain au milieu du siècle dernier en s’attardant sur la vie et le travail d’un membre clé de la petite équipe qui a supervisé la croissance rapide de la Maison pendant cette période importante : Ginette Spanier.

Spanier fut la première Directrice de la Maison Balmain. Femme d’affaires extrêmement avisée, elle a habilement dirigé la stratégie de vente au détail de Balmain pendant près de trente ans. Spanier était également une célébrité locale, et pas uniquement grâce à aux liens d’amitié étroits noués avec de nombreuses vedettes du théâtre, du cinéma et de la musique, qui comptaient sur ses conseils de mode et ceux de Pierre Balmain. La renommée de Spanier était également due au succès de sa série de mémoires. Ces autobiographies racontaient l’incroyable histoire de sa vie. Comme l’indique l’extrait de l’émission de 1972 « This Is Your Life » qui ouvre le podcast d’aujourd’hui, sa vie se résume en trois mots : « plaisir, crainte et destin ».

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Durant les premières années de la Maison, Ginette Spanier, en tant que Directrice, a joué un rôle décisif dans la croissance, les pratiques et l’image de Balmain après la guerre. Elle a travaillé en étroite collaboration avec Pierre Balmain et son équipe de création, donnant son avis sur ce qui serait présenté dans les collections de chaque saison. Elle a également supervisé l’équipe de vente au détail et s’est efforcée d’établir des relations avec les clients les plus importants de la Maison. Son talent pour le name-dropping est époustouflant, mais les amitiés qu’elle a nouées avec les plus grandes célébrités de l’époque ont été d’une importance capitale pour la Maison.

Son travail dans le domaine de la haute couture de luxe et ses nombreuses amitiés avec de grands acteurs, écrivains et chanteurs de l’époque ont contribué à faire de ses trois autobiographies des best-sellers. Mais par-dessus tout, c’est son incroyable bravoure et son héroïsme pendant la guerre qui font de Ginette Spanier une personne à part.

Spanier, Britannique née en France, et son mari français, le Dr Paul-Emile Seidmann, étaient tous deux juifs. Pour assurer leur sécurité et leur survie, ils ont été contraints de fuir Paris peu après le début de l’occupation de la capitale par les nazis. Ils passèrent plus de quatre ans en fuite, protégés par des résistants, des agriculteurs et des villageois courageux, alors qu’ils voyageaient de région en région à la recherche d’un endroit sûr où se cacher.

Ils ont survécu. Lorsqu’ils sont retournés à Paris après sa libération, ils étaient déterminés à aider les forces alliées à mettre fin à la guerre. Paul-Emile Seidmann a travaillé auprès du nouveau gouvernement provisoire français et supervisé les programmes de réhabilitation des déportés qui avaient réussi à survivre et qui revenaient des camps de la mort et des usines de travail forcé.

Spanier s’est engagée auprès des troupes américaines, les aidant à recruter de jeunes étudiants, à constituer un corps bilingue de secrétaires, de standardistes, d’assistants et de traducteurs qualifiés, pour aider les alliés à avancer de plus en plus vers l’est, à travers la France et, finalement, en Allemagne.

Même après la chute de Berlin et la victoire finale, Spanier était déterminée à continuer d'aider les Alliés afin de s’assurer que les criminels de guerre soient traduits en justice.

Ginette Spanier s’est portée volontaire pour participer aux procès de Nuremberg. Ces procès historiques, supervisés par les alliés victorieux, ont poursuivi en justice les dirigeants de l’Allemagne nazie pour avoir planifié et exécuté l’Holocauste ainsi que d’autres crimes de guerre. Nuremberg consistait en une série de tribunaux militaires, qui se sont déroulés de novembre 1945 à octobre 1946. Spanier a supervisé la création et le bon fonctionnement d’un personnel de soutien bilingue pour les procureurs alliés.

En reconnaissance de son soutien aux troupes alliées et de son aide dans la poursuite des criminels de guerre les plus horribles du XXème siècle, Spanier a reçu la médaille de la Liberté des États-Unis. Le président Truman l’avait créée pour honorer les civils dont les actions avaient contribué aux efforts de guerre des États-Unis et de leurs alliés.

Dans ses interviews, ses conférences et ses écrits, Spanier insistait constamment sur le fait que les nombreuses années durant lesquelles elle avait fui puis poursuivi les nazis l’avaient changée à jamais. Après son retour à Paris, longtemps après la fin des procès de Nuremberg, et même des décennies après avoir supervisé les opérations quotidiennes de Balmain, elle n’oublia jamais les leçons essentielles qu’elle avait apprises pendant la guerre.
 

LA PREMIÈRE DIRECTRICE DE BALMAIN

Dans sa première autobiographie, « It Isn't All Mink », Ginette Spanier explique en quoi consistait ce rôle de Directrice de Balmain :

« Je dirais que la directrice est responsable de tous les problèmes humains dans la partie de l’entreprise visible du public. Les ateliers ne la concernent pas. Mais cela la concerne si une certaine robe n’est pas de la bonne taille, car elle doit alors coopérer avec les essayeurs responsables de leurs ateliers. Si les cris terribles de deux mannequins qui en viennent aux mains pour savoir qui portera quelle robe parviennent aux oreilles de la Bégum Aga Khan, c’est également la faute de la directrice. Si les sons déchirants et hargneux de deux vendeuses se disputant un client parviennent à ce dernier, c’est aussi la faute de la directrice. Si un client ne règle pas sa facture, c’est curieusement aussi la faute de la directrice. Et ainsi de suite, sans interruption.

It Isn’t All Mink
Collins 1959
V&A Publishing 2017

LA CABINE BALMAIN

Dans le Paris de l’après-guerre, chaque célèbre Maison de haute couture comptait sur une équipe entière de mannequins en interne à plein temps. Ces femmes y travaillaient toute la journée, chacune liée à une série de créations spécifiques chaque saison. Elles étaient spécifiquement créées pour elles et ajustées sur elles. Ces mêmes mannequins participaient aux spectacles quotidiens proposés par les Maisons à leurs clients, chaque matin et chaque après-midi.

Ces mannequins faisaient partie de ce qui était appelé la « cabine » de la Maison. Le terme « cabine » fait référence aux coulisses où les mannequins passent d’une création de haute couture à la suivante. Et ce même mot était utilisé au sens figuré pour désigner le groupe distinct de mannequins employés par chaque Maison. Pierre Balmain, comme la plupart des créateurs de haute couture parisiens, avait sa propre cabine spécifique : la Cabine Balmain. Chaque saison, environ 10 à 12 femmes travaillaient à plein temps dans la Cabine Balmain.

Pour Balmain, comme pour tout couturier, il était important que toutes les femmes de sa cabine reflètent l’apparence et l’esprit de la Maison. Chaque mannequin avait un rôle distinct à jouer. Chacune était considérée comme ayant son propre type d’esprit et d’apparence distincts. Par exemple, certaines femmes étaient engagées pour leur apparence jeune et fraîche, qui serait liée à des créations plus sportives et jeunes. D’autres mannequins paraissaient plus sophistiqués, parfaits pour les créations de haute couture élégantes.

Les mannequins de la cabine étaient très étroitement liés aux collections de la saison. Elles inspiraient les premiers croquis de Balmain et, à partir de ce moment, elles étaient liées à chaque étape de la création d’une pièce de haute couture. Le nom du mannequin était inscrit sur un ruban cousu dans la robe et, d’une étape à l’autre, la création était adaptée et stylisée pour un ajustement optimal et pour lui convenir spécifiquement.
 

Ainsi, plus le créateur était inspiré par un mannequin, plus le nombre de créations qu’elle présentait lors des défilés était élevé.

Lorsque les mannequins de cabine ne faisaient des essayages, ils participaient souvent à des défilés pour les clients. Chez Balmain, il y avait un défilé quotidien à 15 h. Des présentations plus intimes étaient organisées le matin, généralement vers 10 heures, pour les clients qui souhaitaient voir quelques modèles spécifiques.

Dans les coulisses, la vie dans la cabine n’était pas simple. D’après ce qu’ont rapporté mannequins et habilleurs, il faisait beaucoup trop chaud et il y avait beaucoup trop de monde. Les gens peuvent être anxieux et inquiets, et la tension et la compétition parfois élevées…

Pour avoir une idée de ce qu’ils vivaient à l’époque, cliquez sur le lien ci-dessous pour découvrir une magnifique série de clichés réalisés par le photographe américain Mark Shaw pour Life Magazine, en 1954. Il a photographié la Cabine Balmain alors que les mannequins se changeaient pour les défilés. Les femmes et les vêtements sont magnifiques mais il est clair que l’espace est très encombré et que l’atmosphère frénétique est chargée d’anxiété, alors que les femmes se changent rapidement pour leur apparition suivante devant les clients de Balmain.

 

 

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LES PREMIERS DÉFILÉS BALMAIN

Après la guerre, les défilés de mode de haute couture à Paris étaient à des années lumière de ce que nous avons l’habitude de voir aujourd’hui. Durant les premières années de Pierre Balmain, ses défilés de haute couture étaient présentés dans les salons de la Maison, au 44, rue François Premier. Ces espaces de présentation étaient conçus comme des salons aristocratiques, avec des miroirs et des tableaux sur les murs, où les invités s’asseyaient sur de petites chaises dorées ou des canapés inconfortables.

Il n’y avait aucune bande sonore sur le podium. Simplement un mannequin, qui serpentait lentement dans l’espace pour permettre aux invités d’examiner la création de près, de lui demander de tourner et parfois même de toucher le tissu. En général, le mannequin portait une carte avec un numéro, indiquant quelle création elle portait. Ce même numéro, accompagné parfois d’une petite description de la création, était également annoncé par haut-parleur, souvent par Ginette Spanier, en anglais et en français.

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Les sièges du premier rang n’étaient pas réservés aux influenceurs ou aux stars de la téléréalité. Ces spectacles quotidiens n’étaient pas des événements de marketing. L’important c’était les ventes. L’objectif était simplement de séduire les acheteurs. Souvent, des membres de l’équipe de vente de la Maison se tenaient près des clients les plus importants. Alors qu’ils chuchotaient en regardant le défilé, les vendeuses cherchaient à déceler leur intérêt devant chaque nouvelle création présentée. Lorsqu’un client faisait savoir quelles créations lui plaisaient, la vendeuse l’accompagnait dans une cabine d’essayage où les mannequins de la maison leur montraient les pièces une par une. Les achats finaux étaient ensuite créés au cours d’une série d’essayages dans l’atelier de couture, un processus qui durait environ six semaines.

PRALINE

Contrairement à la plupart des mannequins, Praline est devenue une célébrité dans la France de l’après-guerre.

Elle est née dans une famille de la classe ouvrière en 1921. Son père était chauffeur de bus et sa mère travaillait dans une ganterie et son vrai nom était Jeannine Marie Lucienne Sagny. Comme tant d’autres avant et après elle, Praline rêvait de s’installer à Paris et de devenir une star. Elle a d’abord travaillé comme vendeuse, puis comme sténographe, avant d’être employée comme mannequin chez Lucien Lelong, où Balmain créait aux côtés de Christian Dior.

Balmain et Praline se sont rapidement très rapprochés. Avec sa personnalité enjouée et amusante, Balmain la comparaissait à une « gamine de Paris », mais il voyait aussi en elle la « personnification du charme féminin » et « l’élégance royale d’une grande courtisane ». Chez Lelong, Balmain aimait sa capacité de passer immédiatement d’un style à l’autre. Elle pouvait être toute gamine dans une tenue de plage et apparaître quelques minutes plus tard dans le showroom comme une aristocrate élégante, dans une robe longue ou des fourrures luxueuses.

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Praline suivit Balmain lorsqu’il quitta Lucien Lelong. C’est lui qui lui donna un nouveau nom. Balmain trouvait qu’un nom comme Jeannine était trop « banal » et après l’avoir vue clôturer son défilé de haute couture dans une robe rose et blanche, il dit qu’elle était « douce-amère comme une Praline ».

Elle avait une personnalité excentrique, toujours prête à faire le clown. Elle était aussi complètement imprévisible. Il lui arrivait par exemple de disparaître quelques heures avant un défilé, obligeant les membres de l’équipe Balmain à se lancer à sa recherche dans toute la ville. Ils l’ont trouvée une fois dans une gare, une autre fois à l’aéroport d’Orly. Billet en main, elle était prête à s’échapper pour un petit voyage loin de Paris…

Très peu fiable, oui, mais… elle n’était pas idiote. Elle ne fuyait le showroom de Balmain qu’APRÈS que les robes de haute couture de la Maison aient été cousues à sa taille. Avant, elle ne manquerait pas un seul essayage, car Pierre Balmain pouvait alors simplement choisir un autre mannequin pour la remplacer.

Cette volatilité et ce manque de fiabilité furent à l’origine de plusieurs disputes entre elle et Pierre Balmain, bien qu’ils aient toujours été très proches.

Praline était l’un des rares mannequins de Paris à atteindre un véritable statut de célébrité en France.

Une chanson à succès a été écrite sur Praline par Eddie Constantine et chantée par Jean Sablon. Elle a également publié une autobiographie à succès intitulée « Praline : Mannequin de Paris », à seulement 30 ans !

Malgré son succès en tant que mannequin chez Balmain, elle restait déterminée à devenir une star de cinéma.

Elle a tenu de petits rôles en tant que mannequin de haute couture parisienne dans des films. Plus tard, elle a commencé à jouer dans quelques films français, sous son vrai nom Janine Marsay (son mari, Michel Marsay, était également acteur).

Mais elle est décédée en 1952, à l’âge de 31 ans, lors d’un accident de voiture.

Balmain a été dévasté en apprenant la nouvelle. Lors de ses funérailles à l’Église Saint-Augustin de Paris, son cercueil était entièrement recouvert de roses et la foule de spectateurs était, dit-on, immense. C’était un événement médiatique, couvert par tous les magazines parisiens de l’époque.

BRONWEN PUGH (ALIAS LADY ASTOR)

Chaque membre de la Cabine Balmain, comme pour toutes les autres Maisons de haute couture, était sélectionné pour un rôle spécifique. Pour mettre en valeur ses différentes créations, Pierre Balmain explique qu’il avait essentiellement besoin de deux types de mannequins.

Le premier type correspondait à quelqu’un « d’effronté et à l’élégance malicieuse ». Praline était parfaite pour ce rôle.

L’autre type de mannequin de la Cabine Balmain devait être  d’une élégance classique : quelqu’un qui pouvait être vue comme une « femme du monde » aristocratique. Bronwen Pugh jouait ce rôle. Elle dégageait un air hautain et royal, se distinguant par sa nonchalance et son attitude « je suis vraiment trop bien pour ça ».

Bronwen est née à Londres en 1930. Fille d’un juge de la classe moyenne supérieure, à l’âge de neuf ans, elle a été envoyée dans une école traditionnelle de langue et de culture galloises. À la fin de ses études, elle rêvait de devenir actrice. Elle s’est inscrite à la Central School of Speech and Drama, mais lorsqu’on lui a dit qu’elle était trop grande pour le cinéma ou la scène (elle mesurait près d’un mètre quatre-vingt), elle a suivi des études pour devenir professeur de théâtre.

Mais une fois diplômée, il était clair qu’elle n’était pas du tout intéressée par un poste au sein du personnel scolaire. Au lieu de cela, elle a travaillé comme mannequin pour des créateurs londoniens et a fini par obtenir un poste de présentatrice sur la chaîne de télévision BBC, en remplacement d’une animatrice populaire qui était en congé de maternité. Ensuite, en 1956, elle s’est envolée pour Rome pour y défiler, puis est remontée à Paris où Balmain a voulu l’engager dès qu’il l’a vue.

Mais elle ne fit pas l’unanimité. Françoise Balmain, sa mère, et Ginette Spanier, la Directrice de la Maison, étaient opposées à son embauche, la trouvant trop grande et trop étrange. Spanier a même suggéré assez méchamment qu’elle ressemblait à quelqu’un de la Famille Addams.

Mais Balmain était convaincu qu’elle était parfaite pour sa Maison et, avec le temps, il a réussi à convaincre les autres. Il était certain qu’elle était une nouvelle Garbo et il la poussa à étudier les films et le style de l’actrice suédoise. Et Bronwen suivit son conseil.
 

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Au-delà de sa taille, de son teint pâle, de ses cheveux bruns épais, de ses yeux verts brillants et de son allure aristocratique à la Garbo, Browen se distinguait par sa démarche puissante et très particulière lors des défilés de la Maison. Eugenia Shepard, critique de mode du New York Herald Tribune, a décrit avec humour la présence hautaine de Bronwen lors d’un défilé, expliquant que Bronwen traînait derrière elle son manteau de fourrure Balmain « comme si elle venait de le tuer et le ramenait chez elle à son partenaire ».

En 1959, elle se remettait d’une rupture douloureuse lorsqu’elle a commencé à fréquenter William Astor. Astor, qui aimait se faire appeler « Bill » par ses amis, était plus officiellement connu sous le nom de 3ème vicomte Astor. Il avait 22 ans de plus qu’elle, s’était marié deux fois et avait deux enfants.

Lorsqu’ils se sont mariés un an plus tard, la presse britannique a adoré l'histoire de ce mannequin de la haute couture parisienne originaire du Pays de Galles épousant un homme assez âgé pour être son père qui, par ailleurs, était aussi l'un des hommes les plus riches du monde.

Parce que, oui, étant un Astor, Bill était immensément riche.

Il était baron et un chef du parti conservateur. Il possédait également un grand nombre de propriétés, dont une part importante dans la fiducie familiale, propriétaire de plusieurs rues du centre de Manhattan. Il avait des résidences à Londres, en Écosse, en Irlande et aux États-Unis… Et sa propriété la plus célèbre, l’immense domaine palatial sur la Tamise, connu sous le nom de Cliveden.

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Astor et Cliveden ont été des éléments clés du scandale Profumo qui a secoué la Grande-Bretagne au début des années 60. L'affaire Profumo associait espions russes, beaux mannequins (Bronwen), riches conservateurs (Bill), ministres du gouvernement et beaucoup de sexe.

Elle a fait tomber un gouvernement, a contribué à changer le cours de l'histoire britannique moderne et a détruit un certain nombre de carrières et de vies, y compris celles de Bill et Bronwen.

Aujourd'hui, de nombreux parallèles peuvent être faits entre le scandale Profumo et le récent scandale Jeffrey Epstein. Beaucoup d'hommes puissants au comportement suspect (au mieux) étaient impliqués, et un suicide inattendu a empêché d'obtenir des réponses.

Au final, le Vicomte et Lady Astor ont inévitablement été considérés comme un exemple de plus des membres d’une élite corrompue et malhonnête qui, depuis trop longtemps, prêchait une chose aux classes inférieures tout en vivant d’une manière complètement différente derrière les murs de leurs domaines.
L'affaire Profumo a détruit le mariage des Astors et leur place dans la société londonienne. Le public considérant Bill comme un playboy minable et un adultère, ou au minimum, un imbécile, ils ont été complètement éliminés de la société londonienne. Le vicomte Astor a fui Londres et est décédé aux Bahamas en 1966, d’un « cœur brisé ».
Cependant, quelle qu'ait pu être la relation du vicomte Astor avec Ward, il n’y a jamais eu de preuve que Bronwen Pugh ait été coupable d'autre chose que de manque de jugement.
Suite au décès d’Astor, Bronwen a radicalement changé de vie.
Attirée depuis longtemps par la philosophie du jésuite français Pierre Teilhard de Chardin, elle s’est convertie au catholicisme. Grâce à son héritage Astor, elle s’est installée dans le Surrey avec ses deux filles pour fonder une communauté chrétienne charismatique. Elle a suivi des études de psychothérapeute et a été nommée présidente du Centre de recherche sur l'expérience religieuse à Oxford.

LA CHANSON À SUCCÈS PRALINE

Au cours de cet épisode, Lynn Yaeger a offert sa propre version des paroles traduites d’un tube du début des années 1950 sur l’une des stars de Balmain : Praline. Paris a connu de nombreuses belles femmes (et hommes) travaillant comme mannequins, mais peu d'entre eux ont réussi à devenir aussi célèbres que Praline. Et aucun n’a inspiré de chanson à succès. Cet air de 1951 a été écrit par Eddie Constantine et chanté par Jean Sablon. L’introduction de la mélodie se fait par une exclamation stupéfaite : « Comment ? Vous n' connaissez pas Praline ? » La chanson démarre ensuite, suivant Praline lors de l’une de ses journées en tant que mannequin vedette de Balmain, en commençant par sa promenade matinale sur les Champs Elysées, puis sa longue journée de défilés (en étant toujours parfaitement habillée), et enfin, malgré la fatigue, alors qu’elle se laisse convaincre de sortir le soir pour finir par tomber amoureuse du chanteur. Le chanteur termine son morceau en faisant savoir aux auditeurs qu'il est désormais l’heureux fiancé de Praline. Et la vie est jolie !

Sur les Champs Elysées
Ses cheveux tout bouclés
Elle est fraîche et jolie,
C'est Praline regardez-la marcher
Elle a l'air de danser
Sur le coup de midi c'est Praline
Elle est toujours bien habillée
On dirait qu'elle est riche
Bien chapeautée, chaussée, gantée,
Elle a même un caniche
Car elle est mannequin
Du velours au satin
Elle pass' la journée, c'est Praline
Une robe du soir, le manteau rayé noir,
La robe de mariée, c'est Praline
Huit heur's tout' seule et fatiguée
Elle rentre chez elle
Demain il faut recommencer
Elle oublie qu'elle est belle
Sur les Champs Elysées
Des Messieurs distingués

Feraient bien des folies pour Praline
Ell' fait " non " gentiment
Ell' ne veut qu'un amant
" Et ce s'ra pour la vie " dit Praline
Le soir où je l'ai rencontrée
Ell' m'a fait un sourire et puis
On est aller danser
Après... j'peux pas vous l'dire
Depuis tout a changé nous sommes fiancés
Et la vie est jolie Ah! Praline
On va se marier c'est banal à pleurer
Mais c'est moi qui souris à Praline
A ma Praline
 

PRALINE
SUNG BY JEAN SABLON
℗ 1951 Parlophone / Warner Music France, a Warner Music Group Company
Composer: Bob Astor
Composer: Eddie Constantine
Writer: Francois Jacques

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Depuis son bureau situé directement en haut de l’impressionnant escalier central de l’adresse légendaire de Balmain au 44 rue François Premier, Ginette Spanier a supervisé au quotidien le travail, la logistique, la vente, les présentations et la planification de la Maison Balmain pendant plus de trente ans. ©Balmain

Photos de groupe des premiers membres de l’équipe Balmain, y compris certains des mannequins de la Maison et d’autres. ©Balmain

 
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Pierre Balmain et Praline, lors d’un défilé Balmain spécial à la fin des années 1940. ©Balmain

    • Photo Credits:

      01 : Photo of Ginette Spanier, Balmain house model Marie-Thérèse, and Pierre Balmain from a CBS interview broadcast on American TV on January 8, 1960. Copyright Free. Source: Wikipedia Commons
    • 02 : Ginette Spanier with Pierre Balmain. ©Balmain
    • 03 : Ginette Spanier (standing) directs some of the members of Balmain’s Cabine of in-house couture models. ©Balmain
    • 04 : Ginette Spanier working inside the Cabine (backstage) with the house dressers, models and crew, during a Balmain haute-couture presentations. ©Balmain
    • 05 : Ginette Spanier, backstage in the Balmain Cabine, directing the house’s team of models, dressers and assistants during one of Balmain’s daily haute-couture presentations. ©Balmain
    • 06 : A photo from one of the Balmain daily haute-couture presentations. ©Balmain
    • 07 : Ginette Spanier, in Balmain showroom, closely inspecting one of the house’s latest designs. ©Balmain
    • 08 : Images, from the 1940s, of Praline, wearing Balmain gowns ©Balmain
    • 09 : Images of Bronwen Pugh, wearing Balmain. ©Balmain
    • 10 : Praline and Pierre Balmain. ©Balmain
    • Credits :

      Balmain Creative Director: Olivier Rousteing
    • Audio: This Is Your Life, 09.02.1972: Courtesy of Ralph Edwards Productions, TIYL Productions & Fremantle
    • Special Podcast Guest: Lynn Yaeger
    • Episode Direction and Production: Seb Lascoux
    • Balmain Historian: Julia Guillon
    • Episode Coordination: Alya Nazaraly
    • Research Assistance: Pénélope André and Yasmine Ban Abdallah
    • Digital Coordination/Graphic Identity: Jeremy Mace
    • Episode researched, written and presented by John Gilligan
    • To explore further:

      Pierre Balmain: My Years and Seasons, (Doubleday, 1965)
    • Ginette Spanier: It Isn’t All Mink (Collins, 1959 and V&A Publishing, 2017)
    • Ginette Spanier: And Now It’s Sables (R. Hale, 1970)
    • Ginette Spanier: Long Road To Freedom (R. Hale, 1976)
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